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A la lecture du résumé de l’histoire, on a hâte de suivre ce conte de fées, où doivent se croiser « un loup garou, un Chaperon rouge qui chante dans un cabaret tenu par les trois petits cochons… ».

Enfin l’obscurité se fait dans la salle. Le spectacle va commencer.

La première scène est assez déconcertante : les 6 artistes sont en imperméables, devant un rideau noir et, tout en chantant, jouent quelques notes de musiques sur divers instruments.

Ça rappel un peu la scène finale très austère de cabaret (version de Sam Mendès).

Petit à petit les protagonistes quittent la scène, puis le rideau tombe.

D’un coup, on est projeté dans un monde de couleur et de folie. Sur scène, Mme Von Leska (Sophie Tellier), lunettes noires, tailleur jaune paille, se lamente avec un accent à couper au couteau sur le destin tragique qui frappe sa fille Mimi (Christine Bonnard). Sa fille, qui – tous les protagonistes s’accorderont à le dire – est loin d’être belle. Elle est clouée au lit, et, par moment se redresse en poussant un râle qui semble être le dernier… mais qui fait rire la salle à tel point il est inattendu et exagéré (elle arrivera même dans son agonie à traiter sa mère de "connasse" !). Mais de quoi meure-t-elle ? C’est le Médecin (Sinan Bertrand) qui nous l’apprend, en jouant une sorte de grand magicien qui connait, sans oser le dire, l’ultime remède à cette maladie, ou plutôt ce sort qui a été jeté sur Mimi, et qui fait pousser sur elle des plantes. Mais attention, rien ne sert de les arracher : elles repoussent aussi vite !

Ici la comédie commence, Sophie Tellier est d’une grande drôlerie dans ce personnage de mère ravagée par la peine, mais tellement exagéré que l’on rit de son sort. Puis arrive sur scène Préciosa (Denis d’Arcangelo), la gouvernante du manoir qui va devoir trouver Elliot Fall, ultime antidote pour sauver Mimi. Denis d’Arcangelo, omniprésent dans ce rôle truculent durant tout le spectacle, est lui aussi brillant. Quel drôlerie dans sa façon de parler (avec des phrases inattendues de la part d’une dame !!), de bouger, de commenter ce qui arrive. Car des événements, il va s’en produire pendant le spectacle d’1h45 qui passe sans que le spectateur s’en rende compte.

Flanan Obé, Sophie Tellier, Sinan Bertrand, Christine Bonnard, Denis d'Arcangelo, Olivier Breitman

Après une rencontre avec un des trois petits cochons vraiment très « cochon », et qui fini en carnage, Préciosa trouve Elliot (Flannan Obé qui chante avec une voix d’une grande puissance). Tout deux vont devoir regagner le manoir avant la nuit….. mais quelle nuit... durant laquelle ils vont croiser des personnages inattendues : une Cendrillon (Sophie Tellier totalement décomplexée) obsédée par les chaussures à la vue desquelles elle atteint l’orgasme ! Recueillie par la Marraine de Préciosa, cette Cendrillon quittera la scène d’une façon des plus inattendue (et hilarante), tandis que Préciosa et sa Marraine, se remémorant les bons moments du passé, vont entamer un numéro enlevé de danse et de claquettes auquel se joint Elliot. La "Marraine" est interprétée par Christine Bonnard, qui nous montre ici ses multiples facettes de comédienne en passant d'une mère maquerelle repentie en bonne sœur... qui se laisse rapidement rattrapée par ses anciens démons !

Bientôt il faut partir, car le temps s’écoule. Elliot et Préciosa, vont ensuite rencontrer un loup Garou (Sinan Bertrand aux jambes longues et minces, qui doivent rendre jalouse plus d'une femme), loup Garou dont la tenue est des plus racoleuse, et pour qui les choses ne finiront pas aussi bien qu’elles auraient pu. Il y aura un petit Chaperon Rouge (Sophie Tellier) qui travaille dans un Cabaret, où elle fait tous les soirs un numéro de danse et striptease. Sophie Tellier est ici d’une souplesse et grasse à saluer, vocalement elle est éblouissante.

Mais, dans cette course contre la montre, il y a le comte Lovejoy (Olivier Breitman) au charisme fou, à la voix affirmée, mais aux intentions bien trop noires pour être dans un conte de fée… mais ce conte là ne s’adresse pas aux enfants. Il est d’ailleurs mentionné au théâtre « spectacle à partir de 16 ans ». C’est dur, c’est drôle et souvent cru. Mieux vaut éloigner les oreilles trop chastes (si vous ne l’aviez pas compris à la lecture de ce qui précède !), car certaine phrases prononcées sont à la hauteur des personnages rencontrés. Et c’est ce qui fait toute la drôlerie du spectacle.

Un spectacle haut en couleur avec de beaux décors, une mise en scène soignée, des personnages qui ont une vraie personnalité et 6 artistes parfaits, dont 4 enchainent de multiples rôles.

Alors, le beau Elliot Fall arrivera-t-il à temps pour sauver la laide Mimi ? Avec Préciosa, pourront-ils déjouer les pièges que leur tend le compte Lovejoy ?

Pour le savoir, mais avant tout, pour passer presque deux heures d’une grande imagination et drôlerie, venez au Vingtième théâtre, du mercredi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h30.

 © Texte Régis Gayraud / Musicals in Europe