Critique de la pièce
En 1661, à Londres, après 18 ans de fermeture, les théâtres ouvrent à nouveau.
À cette époque, tous les rôles sont joués par des hommes, y compris ceux des femmes, ce qu'Edouard Kynaston (Vincent Heden) excelle en la matière. C’est « la » star incontestée et acclamée interprétant les rôles de femmes.
Sa notoriété immense, le rend quelque peu vaniteux et présomptueux. Il a le sens de la formule, parfois quelque peu acide. Mais qu’importe après tout : il est brillant.
Hélas, le roi Charles II (Jean-Pierre Malignon) a une maîtresse (Sophie Tellier) qui s’imagine avoir suffisamment de talent pour être comédienne. Elle le mène par le bout du nez, et lui fait décréter que dorénavant, les rôles féminins devront être joués par des femmes et non des hommes.
Pour Kynaston, « c’est un coup d’esbroufe ». Pour lui, « Une femme qui joue une femme ? Où est l’enjeu ? Où est la prouesse ? ».
Cependant, la décision est irrévocable. Tout bascule. Commence alors la lente décente aux enfers de Kynaston. Même Maria (Emma Gamet), son habilleuse va lui planter un couteau dans le dos.
S’en relèvera-t-il ? Comment va-t-il continuer à vivre ? Le Duc de Buckingham (Stéphane Cottin), jusqu’alors toujours très proche de Kynaston, va-t-il l’abandonner ?
L’intrigue est passionnante. Les dialogues sont efficaces. Le jeu de tous les comédiens est convaincant.
Le décor, imposant, est constitué notamment d’une scène derrière laquelle sont montées et descendues des toiles peintes, tout comme s’il s’agissait d’un véritable théâtre. C’était un pari risqué, mais totalement réussi que d’avoir choisi autant d’éléments de décors. Surtout quand on sait qu’au OFF, entre deux spectacles, les troupes ont une trentaine de minutes pour démonter le décor du spectacle précédent, et installer celui de la pièce suivante ! La prouesse est réalisée tous les soirs par l’équipe de « Belles de Scènes », pour cette magnifique pièce instructive, aux personnages pittoresques. Vincent Heden interprète magnifiquement le très attachant Kynaston. Il fait ressentir aux spectateurs sa fragilité sous son apparente carapace.
Inspirée de faits historiques, cette pièce permet de découvrir une partie méconnue de l’histoire du théâtre britannique.
« Belles de Scènes » est incontestablement une des meilleures pièces du Off 2022.
À voir absolument !
Régis Gayraud
Londres, 1661.
Après dix-huit années de fermeture imposée par la révolution puritaine, les théâtres ouvrent à nouveau. Mais la loi interdit toujours aux femmes de se présenter sur scène. Jusqu’au jour où…
Une histoire inspirée de faits historiques, sensible et cruelle, cocasse et émouvante. Un récit au souffle shakespearien qui nous entraîne dans le sillage de personnages hauts en couleur, tour à tour petits et grandioses, mesquins et superbes… poétiques… drôles... humains.
« Voilà ce qu'on entend chaque fois qu'une horreur est sur le point d'être commise : Cela fait des années que les Français le font ! » - Hyde, Premier Ministre du Roi Charles II
Créatifs :
Texte : Jeffrey Hatcher
Adaptation : Agnès Boury, Vincent Heden, Stéphane Cottin
Mise en scène : Stéphane Cottin
Scénographie : Stéphane Cottin
Lumières : Moïse Hill
Musique : Cyril Giroux
Costumes : Chouchane Abello Tcherpachian
Producteurs : François Volard - Acte 2, Fond de dotation Dominique Gay, Hauteroque Capital, Leo Théâtre, Sésam’ Prod.
Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Emma Gamet, Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon, Sophie Tellier.
“Belles de scène” est produit par François Volard - Acte 2, Fond de dotation Dominique Gay, Hauteroque Capital, Leo Théâtre, Sésam’ Prod avec le soutien de l’Athénée – Le Petit Théâtre de Rueil-Malmaison.
Lieu : Théâtre des Gémeaux - 10 rue du Vieux Sextier 84000 Avignon.
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