Critique de la pièce
Après “Idem” au Théâtre de la Tempête et l’an passé, aux Bouffes du nord, “Notre crâne comme accessoire”, Igor Mendjisky propose sa version de “Le Maître et Marguerite”, chef-d’œuvre de la littérature russe du XXème siècle, et c'est une réussite totale.
On ne voit pas le temps passer. Certains passages sont hilarants, d'autres dramatiques. On est happé par la trame du roman qu'Igor Mendjisky a magnifiquement adapté pour la scène. Certains spectateurs, assis sur les côtés de la scène sont gentiment mis à contribution lors de deux passages, donnant ainsi un côté immersif à la pièce.
Les comédiens sont tous excellents, ils nous entraînent dans cette aventure à mi chemin entre conte et satyre.
Vous y découvrirez un chat qui achète des billets de tramway et fait passer les témoins de cette scène pour fous ! Vous y verrez une sorcière volant sur un ballet. Vous serez conviés à boire une coupe de champagne lors d’un bal où les dictateurs sont à la fête…
“Le Maître et Marguerite”, c’est aussi un grain de folie et un amour fou, le tout avec un usage intelligent du multimédia.
Vous l’aurez compris, “Le Maître et Marguerite” est à voir absolument.
On ressort heureux de ce formidable moment de théâtre.
Régis Gayraud
Le Diable est en visite dans le monde. Et autour de Woland – c’est son nom – s’entre-tissent trois récits : l’un relate la sinistre sarabande dans laquelle Moscou, dans les années trente, se trouve entraînée ; l’autre, l’amour du Maître pour Marguerite et un troisième, l’histoire de Ponce Pilate, dont la rédaction a rendu fou ledit Maître… Dans ce monde à la fois tragique et burlesque, les chats parlent, les démons paradent et chaque figure peut comporter un redoutable envers. Juxtaposant les époques, emboîtant les récits, convoquant la tradition chrétienne et le mythe de Faust, alternant scènes réalistes et fantasmagoriques, alliant l’abject et le sublime - celui de l’amour de Marguerite -, Boulgakov constuit un univers parodique, carnavalesque. Woland, l’illusionniste, organise, pour une société sous hypnose collective, le spectacle de l’apocalypse grandiose où se déploient et l’horreur et le miracle de la vie. Le Diable a deux visages : en jouant de la réversibilité du bien et du mal, il est capable de semer la violence et l’effroi, comme de créer l’étincelle qui, dans un monde figé, donne naissance à l’amour et à la création. La liberté souveraine de l’imagination fait échec à la folie meurtrière de l’ordre imposé
Vidéo du spectacle (non disponible)
Créatifs :
Texte : Mikhaîl Boulgakov
Adaptation (éd. L’avant-scène théâtre - 2018) et mise en scène : Igor Mendjisky
Assistant mise en scène : Arthur Guillot
Traduction du Grec ancien : Déborah Bucci
Lumières : Stéphane Deschamps
Costumes : May Kattrem et Sandrine Gimenez
Vidéo : Yannick Donet
Scénographie : Claire Massard et Igor Mendjisky
Constructions décors : Jean-Luc Malavasi
Producteurs : Les Sans Cou, FAB - Fabriqué à Belleville, ACMÉ Production.
Romain Cottard, Marion Déjardin, Pierre Hiessler, Adrien Melin, Igor Mendjisky, Pauline Murris, Alexandre Soulié, Yuriy Zavalnyouk.
“Le Maître et Marguerite” est produit par la Compagnie Les Sans Cou, FAB - Fabriqué à Belleville, ACMÉ Production, avec le soutien de l’ADAMI, de la SPEDIDAM, de la DAC - Mairie de Paris, du Théâtre de la Tempête (compagnie en résidence), du Grand T - Théâtre de Loire Atlantique, du Théâtre La Piscine – Châtenay-Malabry. Avec la participation artistique JTN, projet bénéficiant du Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD-PSPBB.
Lieu : Théâtre 11 Gilgamesh Belleville - 11 Boulevard Raspail - 84000 Avignon.
Durée totale : 1h50 Réservations : |